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Rencontres culturelles judéo-turques à Bruxelles

La communauté juive en Belgique subit un malaise qui s’est accru ces dernières années de manière exponentielle. l’antisémitisme dont elle souffre est le fait d’une minorité. Pour l’arrêter, il faut un dialogue.

Mis en ligne le 15/03/2004  Lalibre.be

Communautés juive et turque veulent dialoguer. Une première journée dimanche.

Dans ces temps agités, où l´extrémisme parle plus fort que le dialogue, il faut souligner l´initiative de deux groupes d´organiser à Bruxelles des rencontres culturelles judéo-turques. Ethem Kislali est vice-président de l´exécutif des musulmans de Belgique et président du «centre européen de promotion de l´interculturalité» (CEPI) qui « vise à initier une dynamique de rencontres entre les différentes cultures représentées en Belgique». Et d´autre part, Sara Brajbart est coprésidente du collectif dialogue et partage (CDP), composé de membres de la communauté juive de Belgique, mais aussi de chrétiens, qui «dénoncent l´antisémitisme et travaillent pour un apaisement des tensions entre communautés juive et musulmane». Ces deux personnalités ont uni leurs efforts pour proposer ce dimanche 21 mars, une première journée de rencontre (il y en aura d´autres avec la communauté turque mais aussi, sans doute, avec la communauté marocaine). Au programme, un film étonnant de Michel Grosman qui raconte l´histoire des derniers «dnmehs» de Turquie, ces lointains descendants du faux Messie Shabbataï Zvi et de ses adeptes, qui, au XVIIe siècle, bouleversèrent le judaïsme par leur hérésie, enflammèrent les foules à Smyrne et durent se convertir de force à l´Islam. Ils pratiquaient une sorte de syncrétisme orignal entre les deux religions. Ces descendants forment depuis lors une société quasi secrète, comme des francs-maçons. Formant une intelligentsia puissante, ils occupent toujours des postes-clés dans la société turque. Ils sont à la fois hors du judaïsme tout en gardant des traditions judaïques et hors de l´Islam classique. Une conférence-débat entre plusieurs historiens et spécialistes aura lieu ensuite autour des (bonnes) relations tissées pendant 5 siècles entre Turcs juifs et musulmans. La journée qui se déroulera à l´ULB se terminera à 18h30 par un concert de Norig Recher, chanteuse tzigane d´origine italienne à la voix envoûtante.

«Aider le dialogue»

«Dans les pays musulmans, estime Ethem Kislali, il n´y a guère de problèmes entre juifs et musulmans. Ces problèmes par contre, se posent chez nous, où quelques jeunes délinquants par ailleurs parfois musulmans, commettent des agressions ou deviennent antisémites. Ce problème est moins un problème de religions que de culture. Les musulmans intégristes ne sont qu´une petite minorité. Er si on parle des barbes ou de la place de la femme, cela n´est pas lié à la religion mais à des traditions. Il faut apprendre à vivre comme musulman mais dans une culture européenne», continue Ethem Kislali.

«On dit souvent qu´on ne parle que des trains qui déraillent et jamais de ceux qui arrivent à l´heure. C´est comme cela aussi dans ce dialogue entre cultures. On se braque sur les extrémistes et on oublie les 95 pc qui dialoguent très bien et veulent ces échanges, ajoute Sara Brajbart. La communauté juive en Belgique subit un malaise qui s´est accru ces dernières années de manière exponentielle. L´antisémitisme dont elle souffre est le fait d´une minorité. Pour l´arrêter, il faut un dialogue». «On ne résoudra jamais les choses en mettant un flic devant chaque porte, commente Ethem Kislali, mais par l´éducation. Nous voulons construire un Islam européen et pas un Islam saoudien. Mais nous sommes très peu aidés par les pouvoirs publics dans cette volonté de dialogue. Nous essayons de démontrer que le dialogue est possible à partir du terrain même».

«Rencontres d´échange entre la communauté juive et turque vivant à Bruxelles». A la salle Dupréel, institut de Sociologie, ULB, 44 avenue Jeanne, 1050 Bruxelles, de 14h30 à 20h. Rens. et réserv: 02.346.09.07 et 02.403.07.03

Guy Duplat

© La Libre Belgique 2004

 

Cinéma : les Hommes libres : 5 étoiles

1942, Paris est occupée par les Allemands. Younes, un jeune émigré algérien, vit du marché noir. Arrêté par la police française, Younes accepte d’espionner pour leur compte à la mosquée de Paris. La police soupçonne en effet les responsables de la mosquée, dont le Recteur, Si Kaddour Ben Ghabrit, de délivrer de faux-papiers à des Juifs et à des résistants.A la mosquée, Younes rencontre le chanteur d’origine algérienne Salim Halali. Touché par sa voix et sa personnalité, Younes se lie d’amitié avec lui. Il découvre rapidement que Salim est juif. Malgré les risques encourus, Younes met alors un terme à sa collaboration avec la police. Face à la barbarie qui l’entoure, Younes, l’ouvrier immigré et sans éducation politique, se métamorphose progressivement en militant de la liberté.

http://www.premiere.fr/film/Les-hommes-libres-2159810

Pas en notre nom

Aux signataires de l’« appel aux chrétiens à se joindre à l’initiative ‘un bateau français pour Gaza’ », par Benoit Bourgine et André Brombart.

Bruxelles, le vendredi 8 juillet 2011

« Pas en notre nom »

Aux signataires de l’« appel aux chrétiens à se joindre à l’initiative ‘un bateau français pour Gaza’ »,

Madame, Monsieur, Père,

En tant que responsable d’ONG ou d’association d’affiliation chrétienne ou en tant que responsable d’une Église, pasteur ou évêque, vous avez signé le 20 mai 2011 un « appel aux chrétiens à se joindre à l’initiative ‘un bateau français pour Gaza’ ».

Nous sommes deux chrétiens de Bruxelles, un religieux et un théologien laïc, et c’est à ce simple titre que nous voudrions vous exprimer nos questions relatives à cet appel, découvert avec retard. Avec le battage médiatique actuel autour de la « flottille pour Gaza », il n’est plus possible de l’ignorer.

Le point sur lequel nous souhaitons vous interpeller concerne les exigences que comporte le fait d’adresser un tel appel, ouvertement politique, aux chrétiens. C’est en appeler à l’Évangile et à son exigence de justice. Il n’est pas rare que des responsables d’Eglise s’expriment publiquement dans des domaines qui relèvent de la vie sociale et politique, en particulier lorsque des valeurs évangéliques sont mises en cause. Cependant, ils veillent généralement – et c’est heureux – à « rester au-dessus de la mêlée » en évitant de souscrire à des positions de type idéologique ou de s’aligner sur des partis. S’agissant d’un conflit, l’instruction du dossier se doit d’être équitable vis-à-vis des parties en présence ; l’énoncé des motifs doit être respectueux des faits ; la visée ne peut qu’être la poursuite de la paix et le bien-être des populations, sans jamais s’inscrire dans la rhétorique ou la stratégie que développe un belligérant contre un autre. On ne peut prétendre poser légitimement un acte politique sans avoir soigneusement évalué l’ensemble des rapports de forces et d’intérêts qui organisent un champ politique.

 L’« Appel aux chrétiens à se joindre à l’initiative ‘un bateau français pour Gaza’ », daté du 20 mai dernier, nous semble enfreindre gravement l’équité et l’impartialité requises d’une action promue au nom de l’Évangile. Même si son style est empreint d’une onction religieuse, même s’il invoque des déclarations de responsables ecclésiaux et va jusqu’à proposer une paraliturgie, ce document exprime l’adhésion pure et simple à une initiative nettement partisane et, en l’occurrence, clairement pro-palestinienne et anti-israélienne. Bien sûr, le texte veille à ménager, en apparence, la chèvre israélienne et le chou palestinien et à prôner la paix et « un avenir commun pour Israéliens et Palestiniens ». Mais qu’en est-il en réalité ? Il se met à la remorque de l’argumentaire pro-palestinien, en attribuant à l’État d’Israël la responsabilité exclusive de la situation à Gaza et en omettant de dénoncer la dictature et la privation des libertés fondamentales que le Hamas impose à sa propre population – le Hamas, pas même cité dans l’appel, alors qu’il est question d’une « démarche politique » en faveur des Palestiniens de Gaza ! Étrange omission.

La flottille se donne comme objectif avoué, non pas de faire parvenir de l’aide humanitaire aux habitants de Gaza, mais de forcer le blocus maritime imposé par Israël. Or, il faut le rappeler, ce blocus est le résultat d’un état de guerre consécutif à la prise du pouvoir par le Hamas à Gaza. Ce mouvement, instrument de l’Iran et de la Syrie, promeut de manière explicite la destruction d’Israël, et ses idéologues ne manquent pas une occasion de lancer des appels à « tuer tous les Juifs ». Certes, la politique du gouvernement israélien est loin d’être irréprochable, mais quel pays accepterait que des dizaines de roquettes (pudiquement qualifiées d’« artisanales ») soient tirées quotidiennement sur son territoire ? Le droit international, que vous invoquez dans votre document, autorise un Etat en guerre à prendre des mesures restrictives de la circulation maritime (Manuel de San Remo, de juin 1994).

En apportant votre soutien exprès aux organisateurs de la flottille, vous prenez parti de facto pour une mouvance politique qui ne peut accepter l’existence de l’Etat d’Israël et vous ne rendez pas service aux malheureux Palestiniens de Gaza, otages d’une organisation extrémiste et d’un trop long conflit. En invitant, sans vergogne, la communauté internationale à assurer la protection de la flottille (dépêche AFP du 24 juin), le Hamas a révélé clairement le vrai visage de cette entreprise. N’éprouvez-vous pas quelque gêne à vous faire les « alliés objectifs » de cette organisation ? La responsabilité du gouvernement du Hamas n’est-elle pas à dénoncer au moins autant que celle du gouvernement israélien dans l’absence de solution négociée ? Pourquoi ne pas en faire état et ignorer sciemment cette lourde responsabilité historique à l’égard du peuple palestinien ? La flottille est destinée à faire pression sur le gouvernement israélien. Pourquoi prendre ainsi parti et ne pas engager une action qui dénonce symétriquement l’hostilité guerrière du Hamas vis-à-vis d’Israël, cause du blocus, et le régime liberticide sévissant à l’encontre des Palestiniens de Gaza ? La paix et la justice seraient-elles des exigences à opposer à une seule partie ?

S’agissant de la situation humanitaire à Gaza, les observateurs indépendants, comme récemment encore l’adjointe de la délégation de la Croix-Rouge dans la Bande de Gaza[1], s’accordent pour dire qu’elle ne relève pas d’une situation d’urgence. Certes, le chômage y est endémique et l’économie désorganisée, mais les besoins essentiels sont assurés grâce à une aide publique internationale qui privilégie Gaza et des Territoires Palestiniens sur toutes les autres causes humanitaires dans le monde. Selon le rapport d’Oxfam France « Baromètre de la protection des civils 2010 »[2], pour ce qui regarde l’aide publique au développement venant de la France, « un Congolais a reçu 0,49 dollar en 2008, un Irakien près de 11 dollars, un Palestinien 20 dollars » (p. 45). La France donne donc 40 fois plus à un Palestinien qu’à un Congolais (RDC). Quant à l’aide publique au développement de la communauté internationale considérée de manière globale, le rapport indique qu’« en comparant la proportion d’APD (Aide publique au développement) par habitant, on s’aperçoit que les Palestiniens reçoivent le financement le plus important par habitant : plus de 680 dollars par personne, alors qu’un congolais reçoit 25 dollars. » (p. 47). On peut donc en conclure que, globalement, « un Congolais a bénéficié de 27 fois moins d’aide au développement qu’un Palestinien » (p. 45). Le Hamas s’emploie d’ailleurs à perpétuer ce sous-développement, dont il fait une arme politique. À cela s’ajoute l’ouverture désormais permanente de la frontière avec l’Egypte, laquelle, il vaut la peine de le rappeler, imposait également un blocus à l’enclave de Gaza. Enfin, si le but de la flottille était réellement humanitaire, elle accepterait de livrer sa cargaison par les voies terrestres prévues pour cela. Le Ministère français des Affaires Etrangères vient d’ailleurs d’inviter ses ressortissants à renoncer à forcer le blocus, en affirmant « que la situation a évolué à Gaza depuis l´an passé ». Et le Quai d’Orsay ajoute : « Certes, l´allègement du blocus annoncé par Israël en juin 2010 n´est pas suffisant, mais il va dans le bon sens » et conclut que « l´acheminement par voie terrestre reste le moyen le plus sûr pour faire parvenir l´aide humanitaire aux Gazaouis ».

En réalité, le véritable objectif de la flottille est de noircir l’image internationale de l’Etat d’Israël et, pas du tout de travailler à la paix et au dialogue. Pour rappel, les participants à la première flottille, que vous n’hésitez pas à qualifier « flottille de la liberté », qui affichaient, comme ceux d’aujourd’hui, des intentions des plus pacifiques, ont démontré leur détermination à en découdre par la violence. Des images ont montré que les soldats israéliens qui descendaient sur le pont du navire pour inspecter sa cargaison étaient immédiatement frappés à coups de barres de fer et de couteaux, ce qui a provoqué la riposte tragique que l’on sait. Sur les intentions des organisateurs de la flottille de 2010, en effet, des reportages de journalistes indépendants ont enquêté dans le respect de la règle du contradictoire – toutes les parties ont été dûment entendues. Des éléments précis et inquiétants furent mis au jour, notamment les liens étroits avec des mouvances extrémistes de gauche et de droite, qui ne sont pas les alliés les plus sûrs, l’histoire l’enseigne, lorsqu’on embouche la trompette humanitaire et que l’on déclare défendre les libertés fondamentales. Voir en particulier les reportages anglais (reportage diffusé le 16/8/2010 – BBC one, télévision publique britannique dans la célèbre émission d’investigation : ‘Panorama’) et allemand (reportage diffusé le 7/6/2010 – SWR : Südwestrundfunk – télévision publique bavaroise dans l’émission : ‘Report Mainz’) suivants[3] :

Nous osons espérer qu’avant de donner votre caution à la réédition de l’entreprise de la flottille pour Gaza, ou plutôt exactement d’appeler à la mobilisation des chrétiens pour cette réédition, vous avez pris connaissance de ces éléments, et notamment des réponses des officiels du Mavi Marmara  faites aux officiers israéliens, chargés d’arraisonner le navire: « Retournez à Auschwitz ! » Est-il raisonnable de penser que les activistes de la seconde flottille seront plus pacifiques ?

Enfin – et c’est, à nos yeux, l’aspect le plus préoccupant de votre appel – en prenant le parti de la flottille, vous contribuez à renforcer le sentiment anti-israélien parmi les chrétiens de France. N’oubliez pas la responsabilité historique majeure de l’Eglise dans la persécution du peuple Juif. Ne perdez pas de vue la persistance d’un fond d’antijudaïsme et même d’antisémitisme chez bon nombre de personnes qui se disent chrétiennes, à qui la critique sans retenue de l’Etat d’Israël offre un alibi des plus confortables. À ce propos, outre l’omission du Hamas dans la présentation de la situation de Gaza et du blocus, une autre omission de votre appel est à noter : Guilad Shalit, un homme – un Français – enlevé et détenu depuis cinq ans par le Hamas, à qui est refusé tout contact avec le monde extérieur, en violation flagrante, pour le coup, avec le droit international et la plus élémentaire humanité. Étrange omission, à la vérité et, dans le cadre d’une démarche « politique », une occasion manquée d’équilibrer vos revendications en défendant la cause de la libération du Franco-israélien, et dans l’attente de ce jour, de presser le respect des conventions internationales à son endroit, à savoir la possibilité de recevoir des visites de la Croix-Rouge.

Non, vraiment, votre soutien à cette entreprise ne nous paraît guère défendable. Mgr Jean-Pierre Ricard était certainement mieux inspiré lorsque, au retour d’un voyage en Terre Sainte, il écrivait, dans son Message aux catholiques de France : « Après avoir écouté les uns et les autres, nous avons mieux perçu que les réalités étaient très complexes. Ne tombez pas dans des analyses trop simplistes ou dans des partis pris. Ils durcissent les cœurs, empêchent le dialogue vrai et la recherche de solutions durables » (La Documentation Catholique, n° 2284 du 19 janvier 2003, p. 108-109).

Un dernier mot sur une phrase en apparence innocente : « Rompre le mur d’indifférence » ou plus loin « sortir de l’indifférence ». L’expression que vous employez fait sourire lorsqu’on la met en relation avec les chiffres produits par le rapport d’Oxfam déjà cité[4] s’agissant de la préoccupation des médias, de la diplomatie française et internationale, de l’action de la coopération pour le développement et de l’activité des commissions de l’ONU. Ces chiffres dénotent une focalisation quasi-obsessionnelle sur le conflit israélo-palestinien – sans commune mesure avec son impact réel sur les populations – alors que, chaque jour, partout dans le monde, des régimes bafouent délibérément la dignité humaine. Avec le printemps arabe, la thèse selon laquelle le conflit israélo-palestinien serait le nœud des conflits planétaires et la cause du sous-développement dans les pays arabes a vécu. C’est donc une tout autre question qu’impose le respect des faits : Pourquoi une telle obsession ? Pourquoi tant de haine contre Israël, cachée sous les meilleures intentions ?

Pourquoi faut-il que des responsables d’associations chrétiennes et de communautés ecclésiales se laissent entraîner dans pareille galère idéologique ?[5] Aussi, permettez-nous de terminer sur une question. Comptez-vous lancer semblables appels en faveur de causes dont l’urgence humanitaire est sans commune mesure avec la situation de Gaza ? À commencer par les massacres de populations désarmées actuellement en cours au Soudan ou en Syrie, la famine qui s’annonce en Afrique de l’est, mais aussi les très nombreuses (plus de 700 par an) conversions forcées à l’islam de femmes chrétiennes au Pakistan, enlevées pour être mariées contre leur gré à des musulmans, ou encore la situation des Coptes sous le coup des attaques en Haute-Egypte. Ce jour-là, nous répondrons positivement à votre appel.

Il semble clair à présent que la flottille est sur le point d’être arraisonnée avant de provoquer les violences auxquelles la précédente flottille avait donné lieu. On peut s’en réjouir. Reste pour nous, une énigme, une blessure, une inquiétude, celle de voir nos sœurs et nos frères chrétiens appelés par des responsables ecclésiaux et des organisations chrétiennes à soutenir un combat qui n’est pas celui de la paix et à embarquer dans une flottille qui n’est pas celle de la liberté selon l’Évangile. Il ne suffit pas de dire : « Paix ! » pour la construire effectivement. Il ne suffit de citer la lettre de l’Évangile pour en épouser l’esprit. Il ne suffit pas de choisir un camp contre un autre pour avoir raison. Il vaut mieux aider les belligérants à créer les conditions d’un retour au dialogue. La moitié de la vérité n’est pas la vérité. En choisissant une version partisane des faits et en passant sous silence l’autre point de vue, l’appel aux chrétiens aggrave de fait l’inimitié entre belligérants et contribue à importer dangereusement cette rancœur dans nos pays, dont l’impact sur l’antisémitisme ne saurait être ignoré. Il n’est pas légitime de baptiser l’activisme pro-palestinien en combat évangélique auquel tous les chrétiens devraient se rallier. Appeler ainsi les ‘chrétiens’ à un tel combat « politique » est, au mieux, une naïveté due à une information incomplète sur les faits, l’histoire ou les forces en présence, au pire, une hypocrisie. Ne mêlez pas le beau nom de ‘chrétien’ à des combats partisans.

S’il vous plaît, pas en notre nom.

 

 

 

M. Benoît Bourgine                                                                P. André Brombart

[4]   Pour rappel : http://www.oxfamfrance.org/IMG/pdf/Barometre_Protection_civils_2010_Oxfam-France_version-compressee.pdf

[5]   Nous sommes frappés de l’importance prioritaire donnée à ces appels notamment sur les pages d’accueil des sites de Pax Christi, de Chrétiens de la Méditerranée et du CCFD.

 

Juifs de Belgique- Dossier Le Vif -l’Express

Une communauté inquiète et morcelée.

« Malaise ». « Sentiment d’abandon ». Voilà des mots souvent entendus, ces temps-ci, dans la communauté juive de Belgique. Ses représentants dénoncent une banalisation de l’antisémitisme et certains s’inquiètent de l’émigration croissante de juifs belges vers Israël. Enquête au sein d’une communauté écartelée entre ses courants orthodoxes, conservateurs, libéraux et laïques.

 

À portée de crachat de Taher Najib

Avant-première
Le Théâtre Jacques Gueux présente : A portée de crachat de Taher Najib.

Mais sur qui crache- t- on  et pourquoi ? se demande désespérément le personnage.  Mais à force de se cracher l’un sur l’autre, pourra – t- on jamais se sortir du mépris des uns et des autres ?

« A portée de crachat », pièce écrite par un acteur arabe israélien,  est  une épopée tragi-comique pour un homme seul qui se retrouve perdu sur la scène du théâtre et sur la scène du monde. Voulant à tout prix se sortir d’un piège mortel, d’un  conflit bloqué dans une impasse, le voici, en outre, face au spectre du 11 septembre à chaque passage de frontières.

Une situation infernale et absurde qui nous invite à rire pour ne pas exploser.

Représentations:

Les 1er, 2, 3, 4 et 5 mars 2011 à l’Espace Senghor (20h30) – 02 230 31 40
Les 18, 19 mars et 24, 25, 26 mars à La Vénerie – 02 663 85 50
Du 27 au 30 avril au Centre Culturel Jacques Franck – 02 538 90 20
Les 6 et 7 août au Festival de Spa – 0800 24 140
Du 19 au 21 août 2011 au Festival Nomades à Bruxelles.– 02 219 11 98

Soirées débats :

Le 1er mars 2011 au Senghor : Rencontre et débat avec l’auteur, Taher Najib. avec Le Collectif Dialogue § Partage  et la participation du C.C.L.J.
Le 27 avril 2011  à  La Vénerie : Débat sur « La liberté de circuler dans la monde » avec La Ligue des Droits de l’Homme
Au Centre Culturel Jacques Franck : Débat avec la participation de Sam Touzani, Micha Wald,… sur « Identités obligatoires et identités personnelles » avec le C.C.LJ.

Sara Brajbart-Zajtman : une force qui va

Interview de Sara Brajbart-Zajtman.

« La tâche des intellectuels consiste à nommer ce que l’on ne sait pas, à voir autre chose que ce que tout le monde voit, à faire voir ce qui est invisible, à travailler tous les moments et tous les aspects de l’aventure humaine pour en instruire le procès. » c’est la mission que s’est assigné le Collectif Dialogue et Partage.

Sara Brajbart-Zajtman, connue pour sa créativité, – Sara, une idée à la minute dit d´elle Michelle Szwarcburt, présidente du Cclj – est une militante communautaire de longue date. Elle participe à la fondation de la Maison de la Culture Juive, fait connaître les expositions du Musée de la Diaspora (Beth Hatefutsot) en Europe, préside Magen David Adom-Belgique, dirige un temps Regards et crée ensuite pour le KKL, Avigall, une revue d´écologie et de bien-être. Succès sur toute la ligne, toujours. Ses « Chroniques du Yshouv » diffusées sur le site belsef (sefarad.org) sont très appréciées par la communauté. Du Collectif Dialogue et Partage, son nouveau défi, elle dit : « Avec quelques amis qui ont en commun une exigence éthique de l´être humain, nous avons constitué un groupe de réflexion; son objectif est de lutter contre certaines dérives notamment médiatiques qui suscitent l´antisémitisme et la diabolisation d?Israël. Notre sensibilité politique s´aligne sur les propositions de Clinton à Taba mais là n´est pas l´objet de notre combat.» Font partie, entre autres, du noyau de base du groupe: Maurice Einhorn, directeur du journal du Médecin, ancien collaborateur de Regards, Ouzia Chaït, ancienne directrice de l?école Beth Aviv, Joël Kotek, historien et politologue, et bien d?autres connus pour leur compétence dans leur sphère d´activités respective. Le succès a amené la petite bande de copains à créer le collectif , une initiative qui séduit ceux qui, victimes d´un amalgame souvent répandu entre Israéliens et Juifs, éprouvent la nécessité d´y réfléchir pour réagir avec pondération. « Certaines notions comme antisionisme par exemple sont complètement travesties , affirme Sara Brajbart-Zajtman . Etre antisioniste, c´est s´opposer à la politique du gouvernement israélien, pensent certains. Mais ce n´est pas du tout cela, être antisioniste c´est contester la légitimité de l´Etat d´Israël. Alors, quand on n´est pas d?accord avec cette vision faussée de l´antisionisme, on vous répond : « Ah ! Vous soutenez la politique des implantations ! » Le malentendu est total. Il me semble qu´il l´est également à propos des des attentats-suicide commis « par désespoir ! » Enfin, quand quelqu?un est désespéré et qu´il veut mourir, il n´en parle à personne et, dans le secret de son âme – comme les bonzes, fin des années 60 – décide de prendre le monde à témoin de sa protestation en faisant de sa mort un cas de conscience pour tous. Mais si quelqu´un vous parle de son projet de suicide, vous l´empêchez de le réaliser, vous ne lui donnez pas une ceinture d´explosifs en l´envoyant se faire pulvériser la cervelle ! Les Israéliens sont responsables (mais pas coupables) d´une occupation qui a trop duré, mais les sociétés occidentales (encore fascinées par le martyr christique ?) sont responsables de cautionner une société qui a élevé la mort au rang de vertu cardinale. Quand la mort, sous l´impulsion des extrémistes musulmans, est à ce point ritualisée, sacralisée, comment voulez-vous valoriser la paix ? L´indulgence envers les attentats-suicides équivaut à une prime au meurtre et a pour conséquence d´étouffer la voix des musulmans modérés bien plus nombreux que les autres. Ces derniers devraient être soutenus pour empêcher que l´extrémisme ne s´impose partout, au Moyen-Orient, en Algérie, au Nigéria mais aussi chez nous. Le manichéisme qui caractérise souvent les jugements liés au conflit du Proche-Orient expose les Juifs à un antisémitisme de plus en plus franc et qui souvent s´ignore. On a mal à notre judaïsme. On a mal à notre citoyenneté. On a mal à notre humanité. L´idée d´humanité n´est jamais un acquis définitif. C´est une école de tous les jours, une éducation permanente. La question de l´éducation est fondamentale dans une société démocratique. La société démocratique doit favoriser l´auto-éducation de ses citoyens pour nourrir d´une manière incessante l´idée d´humanité.»

Propos recueillis par Léa Crive

 

Interview avec Izzeldin Abuelaish – Valse avec Bachir

Animation par Sara Brajbart

Invités :

– Izzeldin Abuelaish, médecin pratiquant à Gaza, ami du Collectif,interviewé par Loubna Ouriaghli, étudiante en droit
– Viviane Teitelbaum, députée régionale bruxelloise

Interview de Marcel Casteleyn sur “Valse avec Bachir”, le remarquable film d’Ari Folman.

 

Editorial
Il est remarquable de constater que la mémoire, le souvenir d´un évènement, se construisent dans le dialogue : que ce soit le colloque singulier du psychanalyste, du psychologue ou plus généralement du psychothérapeute, ou tout dialogue pluriel qu´il soit spontané ou organisé.

Sans dialogue, point de partage et donc point de possibilité de construire une histoire commune. C´est une évidence souvent bonne à rappeler : c´est dans l´échange et la co-construction d´une histoire commune que l´homme peut trouver la paix et l´art de vivre ensemble. Les frontières sont toujours d´Anciennes lignes de front : on se bat, et, par épuisements successifs, on fait la paix mais on garde la frontière comme une cicatrice qui menace toujours d´être rouverte.

La construction européenne est un exemple de la volonté que peuvent avoir des peuples, fatigués de leurs histoires envahissantes, de construire une histoire commune. La tentation de la dissolution du lien menace toujours, c´est pour cela que le dialogue est la vraie et sans doute la seule arme de l´espoir d´une avancée vers une paix durable.

Folman a oublié et pour se souvenir, il parle et écoute. Il écoute ceux qui avec lui, ont partagé des moments atroces au point de devenir impensables. Et ce que les autres lui répondent n´est sans doute pas une vérité et n’a pas à l’être : ce qui importe, c´est de construire ensemble une histoire commune acceptable, qui fasse débat plutôt que conflit, qui considère l´autre plutôt que l´anéantir.

C´est parce que nous savons qu´il faut se parler pour s´entendre et que sans la volonté de construire patiemment, quel que soit le temps que cela prenne, une histoire commune dont nos enfants auront à être fiers, que nous nous sommes institués en collectif avec pour but essentiel le dialogue et le partage.( Que les autres, l´autre, hésite à venir nous rejoindre, ne peut que mettre notre patience à l´épreuve, pas nous faire renoncer.) C´est, avant toute chose, le but de notre présence  ce soir. Le film de Folman est une invitation au partage par le débat, le dialogue : pourquoi ne pas accepter cette invitation et l´honorer ? Que risquons-nous, sinon de nous entendre ?

Collectif Dialogue & Partage