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Article de Sara Brajbart-Zajtman paru dans M Magazine le 6 mars 2015

« Dois-je partir ? »

Sara Brajbart-Zajtman

Co-présidente du Collectif Dialogue & Partage

Le clip vidéo «  Je suis Belge. Je suis Juive aussi. Dois-je partir ? » a fait le buzz pendant la semaine de congé de carnaval. (1) On relève près de trente passages dans les médias écrits et audio-visuels. L’accueil a cependant connu des ratés. En effet, le clip fut d’emblée interprété comme une réponse positive à l’appel du Premier Ministre israélien, engageant les Juifs de Belgique, de France et d’Europe à aller s’installer en Israël. Pourtant, le clip a été tourné avant cet appel. Il ne dit ni que l’on part, ni ne parle d’Israël ! Le clip se limite à exprimer une inquiétude largement partagée. Alors qu’il est coutumier de dire «  deux Juifs, trois opinions  » pour exprimer la diversité des points de vue, on note sur ce sujet un large consensus dans la communauté juive : l’antisémitisme est de retour en Belgique.  Le plus souvent (mais pas seulement) du fait de concitoyens musulmans. Cet antisémitisme est virulent et, parfois, violent. Et qu’on ne me taxe pas d’islamophobe parce que je pointe ce racisme particulier. La suceptibilité est grande à ce sujet. Ainsi, à l’ONU, il a été demandé de ne plus utiliser les termes islamisme radical qui mettraient en cause l’Islam. (2)

Comment en est-on arrivé là ? Les opinions divergent sur la nature des causes :

Causes socio-économiques : le manque de perspectives dont souffre une grande partie de la communauté musulmane provoquerait frustration et auto-dévalorisation conduisant à ostraciser l’autre en général et le Juif en particulier. Un phénomène récurrent en temps de crise économique dans le monde en général.

Causes culturelles : L’islam ne ferait pas bon ménage avec la liberté d’expression et pousserait à rejeter les non musulmans. On entend que « juif » est une insulte utilisée dans un grand nombre de familles musulmanes. (3)

Causes politiques : La focalisation sur le conflit du Moyen-Orient fait de celui-ci la matrice de tous les conflits. Dans les faits, il est classé 49è sur la liste des conflits qui en nombre de morts,  agitent la planète aujourd’hui. (4). Cette focalisation crée un environnement idéologique propice à stigmatiser les Juifs. Certains médias se livrent d’ailleurs à des amalgames étonnants. Au lendemain des assassinats, aux infos de midi sur la Première (RTBF) on a pu entendre : «  12 morts à Charlie hebdo, 4 morts à l’hyper kasher et 2 bébés morts de froid à Gaza. ». S’agissait-il de suggérer que les 4 Juifs assassinés ne seraient pas innocents? Qu’ils ont sur les mains le sang des bébés gazaouis? De tels rapprochements font de tous les Juifs des coupables désignés et des cibles potentielles.

Des causes psychologiques : Le Juif dont “souffre” le musulman n’existe que comme pur fantasme. L’antisémite (pas seulement musulman, pour le coup) dote le Juif de tous les pouvoirs. Une simple analyse sociologique permet d’établir que dans notre pays, la Belgique, les Juifs sont quasi-absents de la sphère politique, ils sont rares dans les médias, ils ne dirigent ni de grosses industries ni les grandes banques, ils sont totalement absents du monde sportif – là où les rémunérations sont les plus élevées – et peu présents sur la scène artistique si on excepte la littérature, et encore ! Où sont-ils alors ? Dans la classe moyenne, principalement. De moins en moins diamantaires ou commerçants. Parfois médecins, ingénieurs ou avocats, ils ne font pas partie, à quelques exceptions près, des grosses fortunes de Belgique. Ils sont aussi professeurs, assistants sociaux, éducateurs et même demandeurs d’emploi. Le Service Social Juif subvient aux besoins des femmes seules, des familles démunies, des commerçants en faillite, d’ouvriers et employés au chomage, de retraités avec une trop faible pension de retraite…

Victimes ? Pas plus que d’autres. Les Juifs ne portent pas la souffrance en oriflamme. S’ils ont su faire face, au cours de l’histoire, à l’adversité, il faut arrêter d’évoquer la «  concurrence victimaire. ». Les Juifs sont au contraire souvent aux côtés de toutes les victimes.

Certains disent aussi que le peuple juif est une simple invention. Mais qu’est-ce qu’un peuple ? Renan le définit comme la possession en commun d’un riche legs de souvenirs. On peut dire que les Juifs en partagent un grand nombre. Assez pour constituer un peuple. Juif, si difficile à définir quand tout va bien et si simple quand ça va mal. Mais nous ne sommes  pas candidats à souffrir. Plutôt à rire. L’humour juif n’est-il pas réputé ? Allez, la prochaine fois, je vous raconte une blague !

Mais aujourd’hui les Juifs attendent des gestes forts et concrets.

Récemment encore, Yacob Mahi, enseignant dans une école officielle, revendiquait une fois de plus dans une lettre ouverte publiée dans la presse sa filiation philosophique avec Roger Garaudy, un polémiste condamné à deux reprises pour négationnisme. Il n’a pas été inquiété.

Sans un travail éducatif en profondeur, incluant, par exemple le décryptage des messages de haine véhiculés par certaines chaînes satellitaires arabes, sans un travail avec les familles pour en comprendre et en extirper la violence, sans une lutte déterminée contre les discriminations subies par les jeunes d’origine arabo-musulmane, sans une déontologie du web, sans un vrai sursaut de lucidité des médias, l’antisémitisme a encore de beaux jours devant lui.

(1)     Le clip est une création du Collectif Dialogue & Partage avec le soutien de l’UEJB et du Cclj. https://www.youtube.com/watch?v=Cn8O4VPBq9o&feature=share

(2)     http://tabletmag.com/jewish-news-and-politics/188927/islamism-islamophobic-berman

(3)     Emission Controverses  sur RTL le 22 février : https://www.youtube.com/watch?v=tK-XkR3zUOI

(4)     http://fr.danielpipes.org/5004/en-nombre-de-morts-le-conflit-israelo-arabe-noccupe-que-le et http://blog.lefigaro.fr/malbrunot/2009/11/conflit-israelo-palestinien-8.html

Article de Maurice Einhorn sur le site de Regards du 23 février 2015

Retour sur ‘Je suis belge, je suis juif, dois-je partir ?’

Lundi 23 Février 2015 par Maurice Einhorn

C’est sous ce titre frappant que le Collectif Dialogue & Partage a produit une vidéo rassemblant des séquences où diverses personnes, se réclamant de la double identité de Belge et de Juif se demandent s’ils vont être obligés de partir.

Cette vidéo, qui s’est mise à circuler sur le Net, a réussi à obtenir cette attention de l’opinion et des médias que nombre d’entre nous cherchaient depuis un moment en vain à attirer. Elle constitue un véritable cri d’alarme de la part de gens qui, pour une très large majorité d’entre eux, sont bien ancrés dans ce pays, y ont construit une famille, bâti une carrière et constitué un réseau complexe d’amis. Il faut souligner que c’est la première fois dans l’histoire de l’après-guerre qu’il y a un tel sentiment d’angoisse, qui, au-delà des conclusions différentes que l’on peut en tirer,  va de l’extrême-gauche à la droite dure de la communauté juive.

Il convient d’insister sur le fait que l’appel démagogique de Benjamin Netanyahou à la diaspora de venir se réfugier en Israël a été fait après le début de la réalisation de cette vidéo, qui ne constitue donc en rien une réponse à cet appel tonitruant effectué dans une optique électoraliste par le Premier ministre israélien. Il faut de plus noter qu’un certain nombre de Juifs qui envisagent de quitter la Belgique le feraient pour d’autres pays qu’Israël, comme les Etats-Unis, le Canada ou l’Australie notamment.

Ce cri d’alarme a visiblement secoué une partie de l’opinion belge et particulièrement les médias, ce qui a donné l’occasion à plusieurs d’entre nous d’expliquer à plusieurs reprises le problème devant les caméras de la télévision ou les micros de la radio. Même le Premier ministre Charles Michel a répondu à la question posée qu’il fallait que les Juifs restent en Belgique, car le pays ne serait plus ce qu’il est sans ceux. Une déclaration qui a mis du baume au cœur de tous nos concitoyens juifs.

Une certaine confusion dans les concepts subsiste cependant, certains voulant mettre l’islamophobie sur le même pied que l’antisémitisme. Un parallélisme strict aberrant car s’il est vrai qu’un racisme anti-arabe existe bien au quotidien en Belgique, il n’a tué personne à ce jour et ne met pas dans une situation de risque l’Arabo-musulman qui affiche ses convictions, à l’instar de ce que peut subir un Juif se promenant la kippa sur le crâne. On ne tue pas des musulmans parce qu’ils sont musulmans et l’armée ne doit pas protéger les lieux où ils se réunissent.

L’hypertrophie de l’attention des médias belges pour le conflit israélo-palestinien, qui couvre 0,01% de la surface du globe et qui a fait en 60 ans moins de victimes que bien d’autres conflits dont on parle à peine, leur façon de dessiner la situation au Moyen Orient en noir et blanc, avec les méchants Israéliens contre les gentils Palestiniens, contribue largement à créer une situation où l’idée que le Juif ne peut plus du tout être considéré comme innocent prévaut de plus en plus. Le terme même de sioniste a quasiment un statut d’insulte, comme d’ailleurs dans les milieux populaires arabo-musulmans celui de juif, et ce dès la plus tendre enfance, comme nous l’a appris, lors de l’émission Controverse, Ismaël Saidi, réalisateur, scénariste et auteur de la pièce Djihad.

Seul un dialogue entre les communautés concernées et une éducation de la jeunesse arabo-musulmane dans ce sens pourraient contribuer à lever l’hypothèque d’un affrontement intercommunautaire de plus en plus radical. Sans oublier l’éducation du reste de la jeunesse belge dans le même sens. C’est une tâche monumentale, mais nous sommes aussi persuadés que le Collectif Dialogue & Partage est prêt à s’y atteler corps et âme.

http://www.cclj.be/actu/politique-societe/retour-sur-je-suis-belge-je-suis-juif-dois-je-partir

 

Rencontres Judéo-Catholiques

L’histoire étonnante de Ya’akov, enfant de la Shoah. Elevé dans la foi catholique, il découvre ses origines juives alors qu’il est prêtre, il décide d’immigrer en Israël mais sa qualité de Juif lui est d’abord contestée… la suite, venez l’entendre lors de notre soirée du 18 octobre.

Le flyer: Rencontres J_C

Maurice Einhorn dans Knack

Interview relative  à notre communiqué du 7/12/2010 réagissant au jeu télévisé Pappenheimers de la VRT.

´Alsof de vraag stellen nog niet genoeg was, volgde er algemene hilariteit in de studio toen Jan Peumans ´de Turken´ antwoordde, goed wetende dat het juiste antwoord ´de Joden´ moest zijn´. Peumans motiveerde zijn antwoord door te wijzen op de ´overgevoeligheid van de Joden´ in dat verband, aldus Einhorn.

Even wansmakelijk noemt hij de houding van quizmaster Tom Lenaerts, het gelach na zijn suggestie om die vraag te ´elimineren´ en de opmerking ´dat je toch moeilijk Joden in één zin kunt vernoemen samen met het woord liquideren´, aldus Einhorn, die erop wijst dat dat laatste op nog luider gelach werd onthaald.

´Dat is het beeld van de officiële omroep VRT waarbij elke commentaar van onze kant alleen maar onbeduidend kan lijken´, aldus het Collectif Dialogue & Partage.

´De vaststelling dat dit misselijke spektakel geen enkel politiek commentaar uitlokte (behalve een diplomatiek incident met Turkije) geeft mij de indruk dat we stilaan in een sfeer terechtkomen die gelijkenissen vertoont met het Duitsland van het begin van de jaren 30´, aldus Einhorn.

 Les communiqués et l’interview sont une réaction au jeu télévisé que l´on peut voir ici

 

 

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Rencontres culturelles judéo-turques à Bruxelles

La communauté juive en Belgique subit un malaise qui s’est accru ces dernières années de manière exponentielle. l’antisémitisme dont elle souffre est le fait d’une minorité. Pour l’arrêter, il faut un dialogue.

Mis en ligne le 15/03/2004  Lalibre.be

Communautés juive et turque veulent dialoguer. Une première journée dimanche.

Dans ces temps agités, où l´extrémisme parle plus fort que le dialogue, il faut souligner l´initiative de deux groupes d´organiser à Bruxelles des rencontres culturelles judéo-turques. Ethem Kislali est vice-président de l´exécutif des musulmans de Belgique et président du «centre européen de promotion de l´interculturalité» (CEPI) qui « vise à initier une dynamique de rencontres entre les différentes cultures représentées en Belgique». Et d´autre part, Sara Brajbart est coprésidente du collectif dialogue et partage (CDP), composé de membres de la communauté juive de Belgique, mais aussi de chrétiens, qui «dénoncent l´antisémitisme et travaillent pour un apaisement des tensions entre communautés juive et musulmane». Ces deux personnalités ont uni leurs efforts pour proposer ce dimanche 21 mars, une première journée de rencontre (il y en aura d´autres avec la communauté turque mais aussi, sans doute, avec la communauté marocaine). Au programme, un film étonnant de Michel Grosman qui raconte l´histoire des derniers «dnmehs» de Turquie, ces lointains descendants du faux Messie Shabbataï Zvi et de ses adeptes, qui, au XVIIe siècle, bouleversèrent le judaïsme par leur hérésie, enflammèrent les foules à Smyrne et durent se convertir de force à l´Islam. Ils pratiquaient une sorte de syncrétisme orignal entre les deux religions. Ces descendants forment depuis lors une société quasi secrète, comme des francs-maçons. Formant une intelligentsia puissante, ils occupent toujours des postes-clés dans la société turque. Ils sont à la fois hors du judaïsme tout en gardant des traditions judaïques et hors de l´Islam classique. Une conférence-débat entre plusieurs historiens et spécialistes aura lieu ensuite autour des (bonnes) relations tissées pendant 5 siècles entre Turcs juifs et musulmans. La journée qui se déroulera à l´ULB se terminera à 18h30 par un concert de Norig Recher, chanteuse tzigane d´origine italienne à la voix envoûtante.

«Aider le dialogue»

«Dans les pays musulmans, estime Ethem Kislali, il n´y a guère de problèmes entre juifs et musulmans. Ces problèmes par contre, se posent chez nous, où quelques jeunes délinquants par ailleurs parfois musulmans, commettent des agressions ou deviennent antisémites. Ce problème est moins un problème de religions que de culture. Les musulmans intégristes ne sont qu´une petite minorité. Er si on parle des barbes ou de la place de la femme, cela n´est pas lié à la religion mais à des traditions. Il faut apprendre à vivre comme musulman mais dans une culture européenne», continue Ethem Kislali.

«On dit souvent qu´on ne parle que des trains qui déraillent et jamais de ceux qui arrivent à l´heure. C´est comme cela aussi dans ce dialogue entre cultures. On se braque sur les extrémistes et on oublie les 95 pc qui dialoguent très bien et veulent ces échanges, ajoute Sara Brajbart. La communauté juive en Belgique subit un malaise qui s´est accru ces dernières années de manière exponentielle. L´antisémitisme dont elle souffre est le fait d´une minorité. Pour l´arrêter, il faut un dialogue». «On ne résoudra jamais les choses en mettant un flic devant chaque porte, commente Ethem Kislali, mais par l´éducation. Nous voulons construire un Islam européen et pas un Islam saoudien. Mais nous sommes très peu aidés par les pouvoirs publics dans cette volonté de dialogue. Nous essayons de démontrer que le dialogue est possible à partir du terrain même».

«Rencontres d´échange entre la communauté juive et turque vivant à Bruxelles». A la salle Dupréel, institut de Sociologie, ULB, 44 avenue Jeanne, 1050 Bruxelles, de 14h30 à 20h. Rens. et réserv: 02.346.09.07 et 02.403.07.03

Guy Duplat

© La Libre Belgique 2004

 

À portée de crachat de Taher Najib

Avant-première
Le Théâtre Jacques Gueux présente : A portée de crachat de Taher Najib.

Mais sur qui crache- t- on  et pourquoi ? se demande désespérément le personnage.  Mais à force de se cracher l’un sur l’autre, pourra – t- on jamais se sortir du mépris des uns et des autres ?

« A portée de crachat », pièce écrite par un acteur arabe israélien,  est  une épopée tragi-comique pour un homme seul qui se retrouve perdu sur la scène du théâtre et sur la scène du monde. Voulant à tout prix se sortir d’un piège mortel, d’un  conflit bloqué dans une impasse, le voici, en outre, face au spectre du 11 septembre à chaque passage de frontières.

Une situation infernale et absurde qui nous invite à rire pour ne pas exploser.

Représentations:

Les 1er, 2, 3, 4 et 5 mars 2011 à l’Espace Senghor (20h30) – 02 230 31 40
Les 18, 19 mars et 24, 25, 26 mars à La Vénerie – 02 663 85 50
Du 27 au 30 avril au Centre Culturel Jacques Franck – 02 538 90 20
Les 6 et 7 août au Festival de Spa – 0800 24 140
Du 19 au 21 août 2011 au Festival Nomades à Bruxelles.– 02 219 11 98

Soirées débats :

Le 1er mars 2011 au Senghor : Rencontre et débat avec l’auteur, Taher Najib. avec Le Collectif Dialogue § Partage  et la participation du C.C.L.J.
Le 27 avril 2011  à  La Vénerie : Débat sur « La liberté de circuler dans la monde » avec La Ligue des Droits de l’Homme
Au Centre Culturel Jacques Franck : Débat avec la participation de Sam Touzani, Micha Wald,… sur « Identités obligatoires et identités personnelles » avec le C.C.LJ.

Sara Brajbart-Zajtman : une force qui va

Interview de Sara Brajbart-Zajtman.

« La tâche des intellectuels consiste à nommer ce que l’on ne sait pas, à voir autre chose que ce que tout le monde voit, à faire voir ce qui est invisible, à travailler tous les moments et tous les aspects de l’aventure humaine pour en instruire le procès. » c’est la mission que s’est assigné le Collectif Dialogue et Partage.

Sara Brajbart-Zajtman, connue pour sa créativité, – Sara, une idée à la minute dit d´elle Michelle Szwarcburt, présidente du Cclj – est une militante communautaire de longue date. Elle participe à la fondation de la Maison de la Culture Juive, fait connaître les expositions du Musée de la Diaspora (Beth Hatefutsot) en Europe, préside Magen David Adom-Belgique, dirige un temps Regards et crée ensuite pour le KKL, Avigall, une revue d´écologie et de bien-être. Succès sur toute la ligne, toujours. Ses « Chroniques du Yshouv » diffusées sur le site belsef (sefarad.org) sont très appréciées par la communauté. Du Collectif Dialogue et Partage, son nouveau défi, elle dit : « Avec quelques amis qui ont en commun une exigence éthique de l´être humain, nous avons constitué un groupe de réflexion; son objectif est de lutter contre certaines dérives notamment médiatiques qui suscitent l´antisémitisme et la diabolisation d?Israël. Notre sensibilité politique s´aligne sur les propositions de Clinton à Taba mais là n´est pas l´objet de notre combat.» Font partie, entre autres, du noyau de base du groupe: Maurice Einhorn, directeur du journal du Médecin, ancien collaborateur de Regards, Ouzia Chaït, ancienne directrice de l?école Beth Aviv, Joël Kotek, historien et politologue, et bien d?autres connus pour leur compétence dans leur sphère d´activités respective. Le succès a amené la petite bande de copains à créer le collectif , une initiative qui séduit ceux qui, victimes d´un amalgame souvent répandu entre Israéliens et Juifs, éprouvent la nécessité d´y réfléchir pour réagir avec pondération. « Certaines notions comme antisionisme par exemple sont complètement travesties , affirme Sara Brajbart-Zajtman . Etre antisioniste, c´est s´opposer à la politique du gouvernement israélien, pensent certains. Mais ce n´est pas du tout cela, être antisioniste c´est contester la légitimité de l´Etat d´Israël. Alors, quand on n´est pas d?accord avec cette vision faussée de l´antisionisme, on vous répond : « Ah ! Vous soutenez la politique des implantations ! » Le malentendu est total. Il me semble qu´il l´est également à propos des des attentats-suicide commis « par désespoir ! » Enfin, quand quelqu?un est désespéré et qu´il veut mourir, il n´en parle à personne et, dans le secret de son âme – comme les bonzes, fin des années 60 – décide de prendre le monde à témoin de sa protestation en faisant de sa mort un cas de conscience pour tous. Mais si quelqu´un vous parle de son projet de suicide, vous l´empêchez de le réaliser, vous ne lui donnez pas une ceinture d´explosifs en l´envoyant se faire pulvériser la cervelle ! Les Israéliens sont responsables (mais pas coupables) d´une occupation qui a trop duré, mais les sociétés occidentales (encore fascinées par le martyr christique ?) sont responsables de cautionner une société qui a élevé la mort au rang de vertu cardinale. Quand la mort, sous l´impulsion des extrémistes musulmans, est à ce point ritualisée, sacralisée, comment voulez-vous valoriser la paix ? L´indulgence envers les attentats-suicides équivaut à une prime au meurtre et a pour conséquence d´étouffer la voix des musulmans modérés bien plus nombreux que les autres. Ces derniers devraient être soutenus pour empêcher que l´extrémisme ne s´impose partout, au Moyen-Orient, en Algérie, au Nigéria mais aussi chez nous. Le manichéisme qui caractérise souvent les jugements liés au conflit du Proche-Orient expose les Juifs à un antisémitisme de plus en plus franc et qui souvent s´ignore. On a mal à notre judaïsme. On a mal à notre citoyenneté. On a mal à notre humanité. L´idée d´humanité n´est jamais un acquis définitif. C´est une école de tous les jours, une éducation permanente. La question de l´éducation est fondamentale dans une société démocratique. La société démocratique doit favoriser l´auto-éducation de ses citoyens pour nourrir d´une manière incessante l´idée d´humanité.»

Propos recueillis par Léa Crive